Rencontre avec l’une des joueuses emblématiques du Puy Foot, dont les journées, bien remplies, sont rythmées par son travail de pâtissière, le ballon et sa vie de famille ! Ses débuts à l’ESMY, son retour au Puy, son passage de 4 ans en D1 à Saint-Etienne : Pauline raconte ses expériences.

Pauline Court – Bel Haj est une jeune femme très occupée et très pressée. D’ailleurs, pour gagner le maximum de temps dans son emploi du temps très serré, c’est sur sa trottinette électrique qu’elle s’est rendue au stade Massot pour notre rendez-vous ! Puis elle est repartie – en voiture – à son domicile, à Saint-Maurice-de-Lignon, pour une sieste de deux heures après une partie de la nuit et une matinée passées à concevoir des … pâtisseries ! « En ce moment, on est en plein dans les galettes des rois ! J’en fais aussi à la maison, aux myrtilles ! L’an passé, j’avais apporté deux galettes pour les filles de l’équipe ! »

C’est qu’entre ses heures passées derrière les fourneaux (elle travaille à la pâtisserie « La Cabosse », rue Pannessac au Puy), l’éducation de ses trois enfants (Lila, 7 ans, Camelia, 4 ans et Samy, 3 ans), sa vie maritale, ses séances d’entraînement et les matchs, Pauline vit à cent à l’heure. Un rythme qui, finalement, convient bien à l’attaquante du Puy Foot, toujours dans l’action : « Enfant, je faisais plusieurs sports, J’avais beaucoup d’énergie. J’ai trouvé le football pour la canaliser ! »

A 34 ans, la Stéphanoise, fan de l’ASSE et du … PSG, est l’une des joueuses les plus expérimentées de son équipe (4 saisons en D1 à l’ASSE) et même si, comme elle le reconnaît, elle est un peu « limite » aujourd’hui, sa passion du jeu, principal moteur, demeure intacte !

  • Son parcours

« J’ai commencé à 14 ans ! Ma mère ne voulait pas trop que je fasse du foot, elle trouvait que c’était un sport de garçons, un sport salissant. Un jour, je suis allé voir un club à côté de chez moi, à 10km d’Yssingeaux (l’Entente Saint-Maurice / Yssingeaux), et c’était un niveau sympa, en Régional, on en avait entendu parler en bien, et là une dame m’a demandé si je voulais jouer. Tout est parti de là ! On n’avait pas beaucoup de matchs, je faisais du basket en parallèle le samedi, du foot le dimanche. Et dès la fin de la première saison, j’ai joué avec les seniors filles de l’ESMY et on a disputé les barrages d’accession en D2F, à l’époque ça s’appelait N1B. Et on est monté ! C’était une autre époque, géniale ! Y’avait que la passion, c’était bien ! »

  • Le choix du football

« L’année d’après, ma mère m’a dit qu’il fallait que je fasse un choix, car cela faisait trop. J’ai choisi le foot parce que j’avais un meilleur niveau et parce que j’ai toujours voulu en faire, et puis mon papa, Joseph Court, a joué au CO Le Puy, à Montluçon, et il a été stagiaire pro aussi à Saint-Etienne. Mon frère Gautier (35 ans) a joué en 18 ans Nationaux au Puy également ! »

« J’aime la convivialité, l’esprit de groupe, l’entraide, l’amour du maillot »

  • De l’ESMY au Puy

« L’équipe féminine de l’ESMY est devenue celle du Puy ! On est reparties au même niveau. Puis je suis parti 4 ans à Saint-Etienne (D1F) où j’ai connu le haut niveau, avec Pierre-Yves (Thomas, entraîneur des féminines D2F du Puy Foot), mais cela reste un souvenir moyen : moi, j’aime la convivialité, l’esprit de groupe, l’entraide, l’amour du maillot, or à Saint-Etienne, cela manquait d’identité et j’ai eu du mal à trouver ma place, à me sentir à l’aise avec les filles. Cela m’a quand même permis de côtoyer le haut niveau. Puis je suis revenue pendant 2 saisons au Puy, en D2, avant de mettre le foot entre parenthèses pendant près de 6 ans, car j’ai eu trois enfants. J’ai bien tenté un premier retour mais je m’étais fait les croisés. J’ai rejoué au basket y’a 2 ans après la naissance de mon fils. Puis Valérie (Teissedre, dirigeante du Puy Foot) m’a contacté. J’ai un muscle encore un peu atrophié aujourd’hui, à la jambe gauche, et comme le pied gauche est mon pied d’appui, je suis gênée. Mais bon, à mon âge, on fait avec, on a des petits bobos, c’est normal ! »

  • Son retour en D2 avec Le Puy Foot

« Je pensais que j’apporterais un peu plus mon expérience, notamment auprès des jeunes, après, je ne sais pas si c’est parce que je n’ai pas d’aura, en tout cas, je trouve que je n’apporte pas tout ce que je devrais apporter. Les rapports ont changé. L’époque aussi. C’est sûr qu’avant, c’était plus facile, j’étais une meilleure joueuse, alors qu’aujourd’hui, je suis « limite », c’est peut-être pour cela que c’est plus compliqué de discuter, mais j’essaie quand même de donner des conseils. »

  • Le début de saison en D2F

« Cette saison, ce qui nous manque, c’est la cohésion de groupe, surtout sur le terrain : on n’est pas toujours disponible après une passe, c’est pourtant ça qui fait la fluidité du jeu. Après, y’a eu beaucoup d’arrivées, il faut un temps d’adaptation, et il y a un fossé avec le niveau régional. Et puis on a un déficit dans l’engagement aussi. »

« Le sport, je préfère le vivre plutôt que le regarder »

  • Sa vie professionnelle

« J’ai d’abord travaillé dans l’ébénisterie, et vers l’âge de 24 ans, j’ai fait une formation à Saint-Chamond, au lycée hôtelier « Les Petites Bruyères », pour devenir pâtissière; j’ai un peu travaillé en pâtisserie chez Yann Sabot pour les fêtes au Puy, afin de passer ma mention, et après j’ai continué. J’ai eu ma propre entreprise à domicile : j’avais un labo chez moi, mais je suis quelqu’un qui a besoin de voir du monde, de bouger, c’était difficile de rester tout le temps chez soi. J’ai aussi travaillé dans un food-truck à Saint-Etienne les jours de match, au stade, c’était génial ! Aujourd’hui, je travaille au Puy, avec des horaires plus réguliers. Je fais les aller-retour jusqu’à Saint-Maurice ! J’en profite pour remercier mon mari, Abdé, qui est vraiment conciliant. Il m’aide beaucoup, il a fait du sport donc il connaît les contraintes liées aux entraînements, aux déplacements, etc., même si en ce moment, l’activité football est bien ralentie ! »

  • L’après foot

« J’irai courir un peu, je ferai peut-être du tennis de table, j’ai besoin de voir du monde. Et puis peut-être que je mettrai en route d’autres projets professionnels. »

  • L’évolution du club

« Il a changé, il est beaucoup mieux structuré ! Je ne suis pas en contact avec les jeunes féminines du pôle mais je sais qu’Elsa (Chany) fait un super travail et quand je vais en équipe II seniors avec elle, je prends plaisir, j’aime ses discours, simples, cohérents, mais je ne regarde pas le foot féminin à la télé ! Je n’ai pas le temps. A la limite, je m’intéresse plus aux garçons. Le sport, je préfère le vivre que le regarder. Avec Pierre-Yves (Thomas), qui m’avait fait venir à Saint-Etienne, on a une bonne relation, il est exigeant avec nous. On a de la chance de l’avoir. »

Photos Sébastien Ricou / #LPF43