La nouvelle gardienne du Puy Foot, originaire de Saint-Malo, a réalisé un rêve en signant dans son club de coeur, l’Olympique de Marseille, où elle a même vécu une accession en D1 ! Aujourd’hui âgée de 25 ans, la néo-ponote est venue apporter son expérience, née de ses autres passages en D2, à Yzeure et Orléans, et sa hargne au sein d’un groupe promu, qui vise le maintien.

Photos Sébastien Ricou #LPF43

Quand elle était petite, Anaïs Hatchi a délaissé la gymnastique, ses poutres et ses barres, pour des … poteaux de football ! C’est pourtant par hasard que la native de Saint-Malo, ville fortifiée, est devenue … un rempart !

Le changement est intervenu lors d’un match avec les jeunes de l’US Saint-Malo : « J’étais arrière centrale. Il manquait le gardien, alors je me suis proposée pour aller dans les cages. Depuis, j’y suis toujours ! Le poste, je le connaissais un peu car dans ma famille, certains ont joué gardien; et ça m’a plu ! J’ai kiffé plonger, sauver mon équipe, être le dernier rempart. J’aime cette pression. La gym, c’est ma passion première ! J’en fait en compétition, avant de me tourner vers le football. »

Quand elle était petite, Anaïs a aussi pratiqué le handball, le badminton, le cirque : « Je suis très sportive ! J’aime me surpasser, transpirer, découvrir de nouvelles disciplines. Le sport, c’est mon truc ! Et j’aime les valeurs inculquées par les éducateurs et les entraîneurs : elles m’ont permis de me stabiliser dans ma vie de tous les jours. »

Après des débuts au foot vers l’âge de 10 ans au FC Porte-de-Bretagne, Anaïs signe sa première licence à l’USSM en 2009, lorsque sa famille revient s’installer à Saint-Malo. Elle y passe cinq saisons avant de signer à l’Olympique de Marseille à l’âge de 19 ans, en Division 2. La suite, c’est la Malouine de 25 ans qui le raconte !

  • Porter le maillot olympien quand on est fan de l’OM comme toi, ça doit faire quelque chose, non ?

Quand j’étais petite, j’avais dit à ma mère qu’un jour je partirais à Marseille pour y vivre et pour y jouer ! A chaque fois que je revêtais le maillot de l’OM, en match, à l’entraînement, je vivais un rêve de gamine, et ça a duré trois saisons !

  • Comment expliques-tu cet amour pour l’OM ?

Je supportais ce club car je sentais une ferveur, une âme, mais je n’ai pas vraiment d’autres explications ! Dans le foot, ce que j’aime avant tout, c’est la passion. Et à Marseille, on la ressent partout.

  • As-tu pu croiser les joueurs, les stars de l’OM ?

Malheureusement non ! On n’a pas du tout pu échanger avec eux, alors que parfois, on les croisait à la Commanderie, quand on s’y entraînait encore la première saison.

  • Du coup tu n’as pas pu rencontrer ton modèle, Steve Mandanda…

Et non ! Mais je suis allé le voir jouer plusieurs fois au Vélodrome. Il faut dire aussi que je n’ai jamais essayé de lui parler : j’étais trop timide pour faire le premier pas et aller vers lui, j’avais 19 ans quand je suis arrivée à l’OM ! Mais c’est un gardien qui m’inspire.

  • Avec l’OM, tu joues deux saisons en D2, tu connais une montée en D1 mais tu deviens doublure (3 matchs)…

Logiquement, les dirigeants ont recruté une gardienne d’expérience quand on est monté en Division 1. C’est un niveau que je ne connaissais pas. Pauline Peyraud-Magnin est arrivée : c’était une gardienne d’un autre standing, qui est devenue internationale par la suite. Ce choix fut logique mais pour autant, l’expérience fut très enrichissante car j’ai pu vivre cette saison à ses côtés, c’était une concurrence très positive. Quand Pauline jouait, c’est comme si c’était moi qui jouais. J’ai pris beaucoup d’expérience en l’observant même si, forcément, on préfère jouer ! Aujourd’hui, après une saison à Lyon et une autre à Arsenal, Pauline évolue à l’Atlético Madrid.

  • Après Marseille, tu as joué à Yzeure et à Orléans, toujours en D2, et maintenant au Puy : tu n’as pas peur d’être cataloguée « joueuse de D2 » ? Que te manque-t-il pour évoluer en élite ?

Il me manque pas mal de choses, sinon j’y serais déjà ! En premier lieu, la taille : ça joue énormément ! De la régularité dans les performances aussi ! Et une bonne étoile !

  • Pourtant, dans un entretien que tu as donné à un blog marseillais, tu avais l’air de dire que la taille n’était pas un souci…

Ce n’est pas un problème à partir du moment où, justement, c’est un problème que j’ai depuis l’âge de 14 ans ! Je mesure 1 mètre 61 et demi ! Le « et demi » est très important pour moi (rires), j’y tiens ! J’ai eu des entraîneurs de gardiens, notamment à Saint-Malo, qui m’ont énormément fait travailler pour compenser ce déficit. C’est sûr que je n’impressionne pas avec mon physique, mais c’est qu’est le challenge : je dois répondre présente et montrer que, peu importe la taille, je peux faire les choses comme une gardienne de 1,90m. !

  • Un mot sur le début de saison du Puy Foot, compliqué…

La réalité du haut niveau et l’évolution de la Division 2 nous rattrapent ! Il y a des équipes qui sont largement au-dessus de nous, de par leur acquis et leur expérience du niveau, alors que nous, l’équipe est promue, les joueuses se découvrent, certaines découvrent le niveau et ses exigences, malgré cela, on a quand même fait de bonnes choses, Il ne faudra pas lâcher. Le mental sera important. Après, je trouve que le niveau de la D2 est beaucoup plus fort qu’il y a 5 ans, par exemple, lorsque je suis arrivée à Marseille. Il y a beaucoup plus d’homogénéité entre les équipes.

  • Et ce confinement, comment le vis-tu ?

Il me permet de retrouver ma famille, à Saint-Malo, mais le football, ça manque, c’est compliqué. On a l’impression de se préparer à nouveau, mais sans savoir quand on va reprendre. On s’entretient. Quentin (Rousset) nous fournit un programme, auquel j’ajoute du « renfo » et du « fit » car j’aime bien faire ça.

  • Au Puy Foot, tu encadres aussi les jeunes du pôle féminin : c’est vraiment une facette qui t’intéresse ?

Oui et c’est en lien avec le cursus que j’ai suivi : j’ai un BAFA, un BP JEPS ASC mention football, j ai passé les certificats de gardien de but et j’ai entamé de le BEF quand j’étais à l’US Orléans l’an passé. Plus tard, je me vois bien endosser un poste d’entraîneur de gardien de but, chez les filles ou chez les garçons, peu importe ! Encadrer les jeunes au Puy Foot, ça entre parfaitement dans le cadre de ce que je veux faire : aujourd’hui, je suis en formation CAP (contrat d’apprentissage ou de professionnalisation) des métiers du football. Je m’occupe d’une équipe féminine et j’encadre aussi les gardiennes U15, U18 et seniors.

  • Pour terminer, que penses-tu de la médiatisation du foot féminin et de la « féminisation » dans ce sport ?

Autant la féminisation dans le football est encore un peu compliquée je trouve, autant la médiatisation a explosé : il n’y a qu’à voir, le dimanche, on a la possibilité de suivre la D1 Arkema à la télé ! C’est une évolution énorme. Avant, on ne voyait que les garçons. Pour faire évoluer les mentalités, professionnaliser et contractualiser tout ça, c’est très important. Il y a une réelle évolution, même si on voit bien le fossé entre la D2 féminine et la D1 : nous, on n’a pas cette possibilité de s’entraîner, car l’organisation du club est différente à notre niveau.

Anaïs Hatchi, du tac au tac

Meilleur souvenir sportif ? J’en ai plusieurs, la montée et le titre avec Marseille, un titre aux championnats de France UNSS et une victoire avec l’OM, contre le PSG, lors de la première saison en D1.

Ton pire souvenir ? Une coupe nationale à Vichy quand j’étais plus jeune, ça ne s’était pas bien passé. J’avais mon caractère (rires).

Une ville, un pays ? Plutôt une région, le Sud, et pour le pays, les Emirats Arabes Unis : j’y ai rencontré une population accueillante, chaleureuse, généreuse.

Un dicton ? Jamais un échec, toujours une leçon.

Qualités, défauts ? La gentillesse, mais ça peut être un défaut, idem pour la franchise; sinon, je suis souriante, bonne vivante, je suis susceptible et en retard (rires) !

Des tocs, des manies ? Je prépare mon sac la veille de match, je l’organise d’une certaine manière, en remettant exactement les mêmes choses que la semaine précédente, et aussi le brunch le matin du match, et mon rituel dans ma préparation de match.

Ton plus bel arrêt ? Je dirais plutôt un match, référence, celui du titre de championne de France de D2 avec Marseille contre Dijon, j’avais eu pas mal de choses à faire, et ce qui s’est passé après, avec les supporters, les fumigènes, le titre… Inoubliable !

Une appli mobile ? Snapchat.

Ton geste technique ? Quand j’emmène le ballon derrière la jambe, une sorte de feinte, qui donne des frayeurs parfois !