Le Malien de 23 ans, enfin débarrassé des blessures qui ont freiné sa progression à Nantes, n’a pas eu un parcours évident jusqu’à son arrivée au Puy Foot. Rencontre avec un joueur attachant, timide, respectueux et insaisissable sur le terrain, où sa vitesse fait des ravages !

Amadou Coulibaly adore la marche, si possible sur la pointe des pieds, sans faire de bruit. Ce qui correspond bien à son caractère timide et solitaire.

Amadou adore la marche et pourtant, ce sont ses courses, très rapides, que l’on a décelées. Ses jambes et sa vitesse de pointe ont tellement frappé les esprits qu’on s’est même demandé s’il n’allait plus vite en courant qu’avec sa trottinette électrique !

Car le Malien va vite. Très vite. Il n’est pas rare de le voir faire du 25 km/h sur un terrain : « Quand j’étais à Nantes, une fois, on m’a chronométré à 37 km/h ! »

Formé à l’académie Yeelen Olympique de Bamako

Né à Bamako, Amadou, âgé de 23 ans, est arrivé en France en 2015, au FC Nantes. A l’époque, il sortait d’une longue expérience à l’académie Yeelen Olympique de Bamako, où un Français, Nicolas Fernandez-Gabaldon, l’a pris sous son aile. « C’est l’un des fondateurs de l’Académie. Il s’est beaucoup occupé de moi. C’est un peu comme mon mentor. Nous sommes toujours en contact, il habite à Marseille. »

On comprend que le Français a joué un rôle essentiel dans le parcours d’Amadou, qui a perdu son papa très tôt, – « J’avais 2 ans quand il est décédé » -, et qui a grandi dans un petit village près de Bamako, à Moribabougou, là où il a appris à jouer au football, dans la rue. « Du lundi au vendredi, je m’entraînais à l’académie, j’allais à l’école et je faisais le soutien scolaire, et le samedi, on avait des matchs amicaux, mais pas de championnat. Puis je rentrais chez ma mère. Je suis un villageois ! »

Privé de Ligue 1 à cause … du brouillard !

A son arrivée à Nantes, en 2015, il paraphe un contrat stagiaire de 2 ans puis un autre, professionnel celui-là, en 2017, d’une durée de 3 ans. « Avant d’arriver en France, j’avais déjà effectué un stage quand j’avais 16 ans à Manchester City, en Angleterre. Et juste avant de signer à Nantes, j’étais à l’essai à Sochaux et aussi au FC Séville, en Espagne. »

Son plus gros problème, durant ses années passées chez les Canaris, furent les blessures à répétition. « Je me suis fait les croisés au genou droit au bout de la 2e année, et puis j’ai eu le ménisque touché et ensuite le tendon de mon genou gauche. Ce qui m’a valu trois opérations en tout. C’était long ! »

Il n’y a pourtant pas que les blessures qui ont freiné sa progression. Il y a … le brouillard aussi ! Parfois, une carrière tient à peu de choses, à un peu de chance, à la météo.

Nous sommes le samedi 10 décembre 2016, le FC Nantes doit recevoir Caen à la Beaujoire en Ligue 1. Quelques jours plus tôt, l’entraîneur de la réserve, Philippe Mao, a remplacé René Girard à la tête du groupe pro. Pour son deuxième match en Ligue 1, Mao, dont l’intérim n’aura finalement duré que le temps d’une défaite 2-0 à Guingamp, convoque Amadou dans le groupe qui doit affronter les Normands. Mais le match est reporté en raison du brouillard !

« C’est mon meilleur et mon pire souvenir, raconte le Malien, avec son sourire un peu nerveux; Philippe Mao m’avait eu en réserve, il avait même prévu de me faire jouer quinze minutes contre Caen. La semaine d’après, je me suis blessé… »

La semaine d’après, Sergio Conceiçao débarque sur le banc nantais. Qui sait ce qui se serait passé sans cet épisode météorologique …

« Il me manque l’efficacité »

Depuis son arrivée au Puy Foot cet été, Amadou revit. Et il n’est plus blessé. « C’est pour cela qu’ils ne m’ont pas gardé à Nantes, où je n’ai jamais pu enchaîner deux matchs. J’étais toujours blessé. Une saison, je n’ai joué que quatre matchs en réserve, pourtant, j’avais été décisif quatre fois ! »

A Massot, durant la campagne des matchs amicaux, ses qualités et aussi ses défauts ont très vite sauté aux yeux : percussion, vitesse et une certaine maladresse devant le but. Ce n’est pas lui faire injure que de dire qu’avec plus d’efficacité, il serait certainement plus haut aujourd’hui. L’intéressé, lucide, en est conscient : « Je peux emmener des occasions mais n’en mettre aucune au fond ! C’est vrai qu’il me manque l’efficacité. Comme contre Romorantin, lors du premier match à domicile : je rentre et tout de suite je rate un face à face. »

Néanmoins il apprécie sa nouvelle vie au Puy et se sent bien dans sa nouvelle équipe, « où il y a beaucoup de joueurs d’expérience, qui ont connu la L1, la L2 et le National. J’espère juste que les blessures vont me laisser tranquille : pour l’instant, tout va bien de ce côté là, et même moi, je n’y crois pas ! Je donne tout pour l’équipe. Titulaire, remplaçant, ou même si je ne suis pas dans le groupe, mon état d’esprit et ma motivation sont intacts. Ce qui me rend fier, c’est de toujours tout donner, de ne jamais lâcher, et si ça ne passe pas bien, si je ne parviens pas à réaliser mon rêve de joueur au plus haut niveau possible, je n’aurai rien à me reprocher. »

Attachant, respectueux, Amadou ponctuera l’entretien par ce commentaire sobre et poli : « Merci. C’est la première fois qu’on s’intéresse à moi, ça me met en valeur, je n’ai pas l’habitude… »

Photos S. Ricou #LPF43

Sous le maillot du FC Nantes, à gauche, avec son coéquipier Teddy Bouriaud, qu’il a retrouvé au Puy Foot (Photo A. Duret / FC Nantes) !